Tu rouleras à vélo, ma fille

7, Mar, 2024

Demain, 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes et le groupe Collectives et Ardentes organise sa désormais traditionnelle cycloparade féministe, à Liège.

Mais quel lien, au fond, entre le vélo et le féminisme ?

En quoi la pratique de la bicyclette et la défense des droits fondamentaux de plus de la moitié de la population de la terre sont-elles liées ?

La question mérite d’être posée.

En revisitant ma petite histoire personnelle, d’abord, il se trouve que, comme d’autres, c’est lors de mes déplacements en ville que j’ai été pour la première fois confrontée à des agresseurs : frotteurs dans le bus, harcèlement verbal par des groupes de garçons plus âgés, et d’autres expériences plus traumatisantes que je tairai ici.
La façon dont on se déplace (à pied, en transports en commun,…) expose donc, semble-t-il, encore plus les publics déjà vulnérables.

Aujourd’hui, à 40 ans, je circule à vélo, libre, avec cette satisfaction immense que me procure ma presque autosuffisance, et je me rends compte de tout ce que la gamine de 13 ans que j’étais aurait pu éviter si elle s’était déplacée elle-aussi à vélo.

Le vélo, pour une femme, c’est être plus rapide que les agresseurs.

Le vélo, c’est prendre conscience de la puissance de son corps, de tout ce qu’il peut faire, et de sa propre puissance à soi.

Le vélo, pour moi, c’est ne plus avoir peur.

Alors, ce n’est que mon ressenti et je sais que certaines se sentent toujours insécurisées, même à vélo. Et bien sûr, le but ultime, à la fin, serait de se sentir en sécurité quelle que soit l’heure, l’endroit, le moyen de déplacement. Mais quelque chose me dit qu’on y est pas vraiment encore…

La bicyclette a historiquement joué un rôle important dans l’émancipation des femmes : parce qu’elle leur permettait de se déplacer où et quand elle voulaient, parce qu’elle seule les autorisait à porter des pantalons (ça, et la pratique de l’équitation), parce qu’elle a engendré la création de clubs de cyclistes féminins, au sein desquels les femmes ont pu se rassembler et s’organiser…
Dès sa création, les femmes ont renommé la bicyclette la « machine de la liberté ». Un nom qui lui va plutôt bien.

Ce n’est donc pas étonnant, que toujours aujourd’hui, la pratique du vélo soit un outil fondamental du féminisme.

Par le biais d’ateliers mécaniques, les femmes apprennent à réparer et entretenir elles-mêmes leurs montures, acquérant encore plus d’autonomie dans leurs déplacements quotidiens. Les parades et groupes cyclo-féministes se multiplient pour visibiliser les femmes dans l’espace public. A Liège, La Piraterie organise des masses critiques féministes et queer pour rouler sur le patriarcat.

Partout, des groupes se réunissent et militent autour du vélo : en Europe mais aussi à Montréal, et jusqu’en Afghanistan où des résistantes roulent malgré les interdits. Car oui, la bicyclette est toujours interdite aux femmes dans certains pays comme en Iran, où il leur est défendu de pédaler en public.

Maintenant, plus que jamais, le vélo est un outil d’émancipation majeur, pour les femmes, mais pas que. Pour toutes et tous, c’est le moyen le plus économique et le moins énergétique existant pour se déplacer. En dehors des préoccupations écologiques, le ratio énergie dépensée par kilomètre du vélo est plus performant que toutes les autres formes de mobilité, même la marche à pied.

Alors qu’est ce qui bloque encore le développement de son utilisation ?
La question est vite répondue 😉
Le manque d’infrastructures sécurisées, pardi !

Les femmes sont statistiquement plus sensibles à l’insécurité (suite à une surexposition, peut-être ?) et il est donc primordial pour elles de pouvoir bénéficier d’itinéraires cyclables sûrs, protégés, éclairés et efficaces.

Un argument de plus qui renforce le bien fondé de la mise en place d’un Réseau Express Vélo à Liège.

Maintenant.

Pour que demain, ma fille circule à vélo, elle aussi, libre, en sécurité, toute-puissante.

Ce programme vous tente aussi?
Venez militer en deux-roues à la cycloparade féministe de Liège, ce 8 mars, rendez-vous à 13h sur l’esplanade du B3 (Outremeuse).

Plus d’infos : Collectives et ardentes

Un petit conseil film pour approfondir le sujet